Fils d’Arfang Mamadou Kyang Bodian et de Ciré Diémé, le guide religieux El Hadji Fansou Bodian est né vers 1942 dans l’arrondissement de Tendouck, plus précisément à Diégoune une localité du Blouf située à 16 km de Bignona. A l’âge de 07 ans, son père l’initie à l’apprentissage du saint coran. Un âge où il exerce également le métier de berger à l’image du Prophète Mohamed (PSL). Déjà dès l’age de 14 ans, le jeune talibé, doué d’une intelligence avérée, va très vite maitriser des œuvres telles que « Lakhdary », « Asmawya », « Moukhadamatou », « Al Izya » et « Ibnou Mouhaibi ». En 1961, il achève le « Rissala » sous l’encadrement de l’éminent Chérif Mouhamed Al Hafize Ben Harech Allawi Aidara de la Mauritanie. La quête du savoir va le conduire par la suite à Bignona puis à Sédhiou où il résida pendant plusieurs années avant de migrer vers la capitale sénégalaise où il fréquentera l’Ecole Franco-arabe de la rue Thiers. Et c’est au niveau de cet établissement qu’il obtiendra son Baccalauréat en 1964. Son diplôme en poche, le marabout part enseigner l’arabe de 1964 en 1966 à Kathiang puis à Bakau en Gambie. Après ces années d’enseignement, le vénéré marabout poursuit ses études à l’étranger. Homme modèle et prêcheur islamique, El Hadji Fansou Bodian va ensuite parcourir l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, l’Iran, l’Irak, l’Arabie Saoudite, la Syrie et plusieurs autres pays musulmans pour renforcer ses connaissances islamiques tout en se consacrant à l’enseignement de l’islam et à l’observation de ses préceptes tels qu’ils ont été transmis au Prophète Mohamet (PSL). Et c’est en Egypte précisément que le guide religieux va obtenir sa Licence en 1970. Et c’est pour couronner aussi ses œuvres dans le domaine de la promotion de la langue arabe que la Syrie va lui décerner en 1999 le diplôme de prêcheur international.
Ainsi après plusieurs années d’exil marquées par des retraites spirituelles et des passages à l’école du soufisme de Gambie et de Kaolack, le guide religieux reviendra au bercail pour se consacrer à la vulgarisation de l’enseignement arabe dans la région naturelle de la Casamance. D’ailleurs c’est dans cette dynamique qu’il a mis sur pied plus de 300 écoles d’enseignement arabe à travers la sous-région avec un effectif de plus de 15 000 élèves et près de 500 enseignants. Ce qui forcément contribue au relèvement du taux de scolarisation et participe à la promotion de l’enseignement religieux dans les pays comme le Sénégal, la Gambie et la Guinée Bissau. C’est dire qu’aujourd’hui, plus de 120 volontaires issus de ses établissements exercent pour le compte du ministère de l’éducation nationale ; et nombre de ses Talibés sont aussi des Imams de mosquées de plusieurs villages du département de Bignona, de la région naturelle de la Casamance mais également à Kaolack, Dakar, en Mauritanie, en France, en Italie etc.…
Et c’est fort de cet engagement, de toutes ses connaissances et de ses expériences acquises un peu partout à travers le monde que le marabout El Hadji Fansou Bodian sera désigné par ses pairs pour seconder Arfang Insa Coly, Imam Ratib du département de Bignona d’alors. Et c’est le 28 février 1992 qu’il succédera à ce dernier en étant confirmé à la tête de la Grande Mosquée de Bignona.
Depuis, le saint homme très discret dans ses œuvres de bienfaisance au profit de la communauté musulmane, n’a en outre, cessé de s’investir et de faire ses preuves dans la matérialisation du dialogue islamo-chrétien tant prôné sous nos cieux. Le guide religieux du département de Bignona est également un véritable pionnier de la paix en Casamance. En effet, depuis l’avènement du conflit armé dans cette partie sud du pays, le marabout s’est fortement impliqué dans la recherche de la paix et de la stabilité dans la région. Ainsi le marabout El Hadji Fansou Bodian aura plusieurs fois rencontré les chefs de la branche armée du Mfdc (Atika) en l’occurrence Salif Sadio, César Atoute Badiate, Kompasse Diatta, Lamarana Sambou, Ousmane Niantang Diatta. Un sacrifice au prix de sa vie qui est aussi une preuve de son engagement pour une Casamance de paix et de prospérité. Car pour le guide religieux «nul ne peut respecter les piliers de l’islam dans une localité où règne la violence ». Et c’est pourquoi lors de ses prêches le vénéré marabout ne cesse d’inviter les uns et les autres au dialogue, au pardon, à la réconciliation et à l’unité pour une Casamance de paix. Toute chose qui justifie également son engagement à coté du Cardinal Théodore Adrien Sarr dans le cadre de la médiation pour des négociations de paix en Casamance entre les différentes parties prenantes au conflit à savoir l’Etat et le Mfdc.
Et c’est pour rendre hommage à cet homme de dieu, ce chantre de la paix que chaque année, la Casamance reconnaissante et ses milliers de talibés, organisent un Gamou annuel à son honneur !
Auteur: Tapha I. BADJI
Date de publication: 2016-05-06 13:55:49
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