Thiobon/ Alamane à Amanque : Un rite placé sous le sceau du partage et du développement local

LaScoopsdeziguinchor.com : C’est connu ! La culture, cette dimension essentielle de l’épanouissement des êtres humains, des sociétés, de leur identité et de leur projet collectif commun est le plus clair moyen d’expression du diola. La parfaite illustration en a été donnée la semaine dernière à Thiobon, commune de Kartiack, cadre d’une activité culturelle dénommée Alamane (déformation du mot français Amende) qui remonte depuis la nuit des temps. Une cérémonie traditionnelle initiée par les femmes du quartier Amanque et placée sous le sceau de la solidarité, du partage, de la promotion des femmes et du développement local

Le Blouf ! Une contrée du département de Bignona riche d’une certaine tradition d’organisation de manifestations et de pratiques culturelles et cultuelles multiséculaires et qui sont en rapport avec les aspirations, les exigences des terroirs, des communautés locales ; et ce en matière d’éducation, de morale, d’affirmation de l’identité culturelle voire de promotion des valeurs culturelles et cultuelles. Toute une richesse tant soit peu minée aujourd’hui par le phénomène de la globalisation sous-tendu par l’avènement des TIC et la prolifération des réseaux sociaux qui ont fini d’impacter sur les fondements socioculturels de bon nombre de contrée et de communautés. Ce qui est toutefois loin d’être le cas au niveau du village Thiobon, un des sanctuaires des traditions culturelles et cultuelles diola. Professeur d’histoire et natif de la localité, le journaliste Mamadou Lamine Mané nous conte ici l’histoire de Thiobon !

C’est donc ici à Amanque (Thiobon) où les femmes continuent encore et toujours à jouer leur rôle de gardiennes des traditions et des valeurs ancestrales en se mobilisant à chaque fois pour préserver la société contre certaines dérives, certains aléas de la vie ; et pour donner en outre des orientations par rapport au devenir de la société. C’est le cas la semaine dernière avec l’organisation pendant trois jours d’une cérémonie traditionnelle dénommée « Alamane » exclusivement dédiée à la gent féminine. Le ton de cette manifestation culturelle a été d’ailleurs donné dès les premières heures de la matinée avec  la danse du Kumpo; animation qui a mobilisé les jeunes et les femmes d’Amanque !

 

Ici l’accueil à forts relents carnavalesque de la marraine !

La cérémonie officielle présidée par la marraine et rehaussée par la présence des jeunes, femmes et notables du villages ainsi que de personnalités politiques nationales et locales fut également un grand moment d’échanges sur les vertus de la solidarité, du partage, de la paix, de la communion ainsi que de la promotion des femmes d’Amanque.

     

 Alamane : sens d’un rite, d’une expression culturelle vivante et vivifiante

En pays diola, les rites interviennent dans l’interprétation et le traitement de désordres individuels ou collectifs et où ils constituent des moments privilégiés de la vie sociale des villages. Des rites hérités de la tradition en milieu diola et qui constituent l’ensemble de toutes les croyances léguées par les ancêtres et qui se transmettent de génération en génération. C’est le cas de l’Alamane,  qui comme tous les rites, est une pratique sociale. Une amende collective infligée par le Kumpo (masque) à une tranche d’âge ou de sexe à la suite d’une faute. Celle-ci pourrait être commise par une ou quelques personnes, mais la sanction concernera toute une catégorie de personnes selon la volonté du Kumpo. Ce rite mobilise donc toute la société ou plutôt toute une génération de personnes. Celui du quartier Amanque à Thiobon n’a pas dérogé à la règle. Gnima Diémé la présidente des femmes d’Amanque revient ici sur le sens et la justification de leur Alamane et les contours d’un tel rite !

                               

                                         Un rite à fort relent culturel et festif

Pour les femmes d’Amanque, une telle activité culturelle est également une occasion pour la communauté de revisiter les expressions et facettes culturelles locales ; et ce, avec le déroulement d’un paquet d’activités ; telles la danse du Kumpo qui fut pendant trois jours la grande attraction de cet événement ; le Kumpo qui est accompagné en de pareilles occasions  d’un autre animal broussard costaud et noir appelé Agomola, et d’Essama de petite taille toujours armé de bâton.

Une cérémonie d’Alamane marquée en outre, et entre autres, par des danses folkloriques, la traction d’une pirogue au niveau du bras de fleuve de Thiobon ; l’apparition et l’exhibition à la place publique des femmes des différentes générations en tenue traditionnelles ; des pratiques rituelles au niveau du bois sacré des femmes, etc. Toute une série d’activités qui ont de quoi conforter l’importance que les femmes accordent à la tradition. Des valeurs héritées des ancêtres et qui constituent également, selon les femmes d’Amanque, une dimension essentielle de leur  épanouissement, de leur identité et de leur projet collectif commun. Voici le temps fort de la cérémonie de l’Alamane !

D’ailleurs signe des temps, ces rites jadis dévolus exclusivement à des activités festives se sont adaptés à l’heure de la globalisation. Chose bien comprise par les femmes d’Amanque qui ont mis à profit la célébration de leur activité pour s’appesantir et s’imprégner des questions entrepreneuriat et de développement ; et ce, à travers l’implication d’actrices de développement dans l’organisation d’un forum lors dans le cadre de  leurs activités.

      Les femmes d’Amanque se connectent à l’heure du développement local

« Aujourd’hui le monde a évolué et nous voudrions avec cette activité joindre l’utile à l’agréable ; ce qui justifie l‘organisation de ce forum axé sur le développement » justifie Gnima Diémé. « Rôle des femmes dans le développement » ! Tel était le thème de ce forum dédié aux femmes d’Amanque regroupées autour du GIE « Jumbandoor » ; et thème animé par Mme Basséne Justine Manga adjointe au maire de Nyassia, secrétaire des femmes de la commune de Nyassia et responsable au niveau de l’Association Usoforal. Et ce, avec comme modérateur l’historien-journaliste Mamadou Lamine Mané. Mme Basséne Justine Manga dans sa communication a d’abord magnifié le choix des femmes d’Amanque de s’appuyer sur le levier culturel pour tenter d’impulser le développement économique et social au niveau de leur terroir. Et s’inspirant de ses expériences personnelles en matière de développement, Mme Basséne a exhorté ces femmes à faire d’abord l’état des lieux de leur structure pour identifier les problèmes et les blocages. Voici un large extrait de sa communication !

Autant de suggestions, autant de stratégies brandies par Justine Mme Basséne Justine Manga ; et autant de défis que les femmes d’Amanque, qui ont compris que le temps des événements exclusivement festifs est  révolu, entendent porter et relever pour assurer le développement au niveau local, assurer leur devenir. Ainsi pour Gnima Diémé et les siennes, il incombe  donc aujourd’hui  de s’appuyer sur la mise en valeur des ressources culturelles, du patrimoine culturel de la communauté pour promouvoir leur intégration dans les politiques de développement local. Voici quelques interventions de participants à ce forum !

Et pour couronner le tout, scoopsdeziguinchor.com vous plonge dans les coulisses de la Cérémonie de l’Alamane d’Amanque !

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