MINISTRE D’ETAT ROBERT SAGNA PAR AILLEURS PRESIDENT DU GROUPE DE REFLEXION POUR LA PAIX EN CASAMANCE (GRPC) : « Le départ de Macky Sall peut impacter positivement ou négativement sur la Paix en Casamance. Tout dépend des initiatives que prendra ou ne prendra pas son successeur »

Scoopsdeziguinchor.com : C’est parce qu’il a l’obligation de par sa posture, mais également au-delà du constat et de l’appréciation de l’évolution du processus de paix en Casamance, de faire des propositions concrètes et convaincantes. Normal donc que dans cette interview accordée au Journal scoopsdeziguinchor.com que le Ministre d’Etat Robert Sagna par ailleurs président du Groupe de Réflexion pour la Paix en Casamance (GRPC) ait mis le doigt au centre des préoccupations des populations non sans manquer de  préconiser des solutions pour faire évoluer positivement les choses. Et contexte sociopolitique oblige, l’ancien maire de Ziguinchor, président du parti RSD/TDS et artisan de paix a ainsi apprécié, entre autres, le départ prochain du  président Macky Sall à la tête de la magistrature suprême et ses conséquences sur le processus de paix ; non   sans manquer de livrer ses vérités par rapport à toutes les questions de l’heure qui concourent au retour à une paix définitive en Casamance. Entretien !

scoopsdeziguinchor.com : La non-candidature du Président Macky Sall pour les prochaines élections présidentielles continuent encore d’alimenter les débats au Sénégal et partout ailleurs. Quelle est, Monsieur le Ministre d’Etat, votre appréciation par rapport à cette décision du Chef de l’Etat ?

Robert Sagna : En prenant la décision de ne pas être candidat en 2024, le Président Macky Sall fait preuve de sagesse et de patriotisme. En effet, il a d’abord pensé à son pays, le Sénégal avant de penser à ses intérêts personnels. Je salue cette attitude tout en regrettant ce départ malgré un bilan positif constaté dans la gestion du pays et les nombreuses réalisations dans tous les domaines.

  • Le RSD/TDS dont vous êtes le Président est un Parti membre de la majorité présidentielle depuis l’avènement du Président Macky Sall à la magistrature suprême. Avec la fin définitive de son mandat présidentiel, peut-on dès lors s’attendre à ce que vous reconsidériez votre compagnonnage avec la coalition Benno Bokk Yaakar dont vous êtes le premier responsable au niveau régional ?
  • Benno Bokk Yaakar est une coalition de partis politiques qui devrait poursuivre son programme et son unité malgré l’absence de son fondateur en tant que Président de la République. Son parti et lui restent membre de Benno. Moi-même comme mon parti, restons membres de Benno. Notre adhésion à cette coalition va se poursuivre même si nous sommes conscients que la non candidature de Macky Sall pour les élections prochaines peut fragiliser et affaiblir la cohésion au sein de Benno.

Monsieur le Ministre d’Etat avec la fin de ce mandat présidentiel, quels bilans tirez-vous de la gestion du président Macky Sall à la tête du pays et notamment au niveau de la partie sud du pays marquée par près de 40 de conflit armé ?

  • Je vous disais plus haut que le bilan de Macky Sall en tant que Président de la République du Sénégal est à saluer. Son action en Casamance est visible et palpable dans tous les secteurs. Je ne finirai pas d’énumérer toutes les réalisations de Macky Sall en Casamance ; tous les casamançais le savent. Ses efforts pour la Paix en Casamance se constatent. En effet, la Casamance a retrouvé sa tranquillité même si la paix n’est pas encore totalement rétablie. Les populations ont repris leurs activités et beaucoup ont regagné leurs villages abandonnés, à cause de la rébellion.

La paix ! Parlons-en Monsieur le Ministre d’Etat, cette paix qui vous tient tant à cœur et par rapport à laquelle vous vous êtes toujours investis d’abord en tant que ministre de la république puis en tant que Président du GRPC que vous avez mis sur les fonds baptismaux pour faciliter la recherche et l’avènement d’une paix définitive en Casamance. D’abord qu’est ce qui sous-tend cette démarche voire cet engagement résolu de Robert Sagna pour cette paix tant chantée sous nos cieux ?

  • C’est vrai, je me suis investi pour la paix en Casamance depuis le début du conflit en 1982 et je continue de le faire pour que cette Région retrouve sa quiétude d’antan. Il m’était impossible de croiser les bras et voir la Casamance ma Casamance brulée. Avec d’autres bonnes volontés nous nous investissons avec l’aide de Dieu, pour la Paix en Casamance. Ce n’est pas simple, mais les résultats auxquels nous sommes parvenus, confirment bien que la Paix en Casamance est possible.

En tant que natif de cette région et en tant ministre puis ministre d’Etat durant plusieurs décennies, n’aviez-vous pas également le sentiment à un moment donné de votre carrière politique, et au regard de la politique menée en Casamance au plus fort de la crise par les chefs d’Etat qui se sont succédés à la tête du pays, que la crise casamançaise a été très mal gérée par le pouvoir central ; et ce, de Diouf à Macky en passant par Wade ?

  • On ne peut pas dire que les chefs d’Etat qui se sont succédés depuis le début du conflit, ont mal géré la crise en Casamance. Chacun d’eux a fait ce qu’il pouvait avec des moyens et des méthodes différentes. Tous ces efforts ont permis d’arriver où nous sommes aujourd’hui ; il faut continuer.

Et concrètement quelle est la touche nouvelle que le GRPC a apportée dans le cadre de la recherche et de la gestion de la paix en Casamance ? Autrement dit, qu’elle est votre niveau d’implication par rapport à cette paix qui s’est installée un peu partout en Casamance ces dernières années ?

  • Il ne me parait pas décent de faire mon propre bilan des actions menées pour la Paix en Casamance depuis le début du conflit. Ceux qui ont yeux pour voir voient, ceux qui ont oreilles pour entendre entendent. Vous-même en tant que journaliste, vous nous avez souvent accompagnés dans nos programmes et projets pour la Paix en Casamance ; vous êtes très bien placé pour témoigner de mon action et celle du Groupe de Réflexion pour la Paix en Casamance (GRPC).

Vous avez été, Monsieur le Ministre d’Etat, à l’écoute des populations voire même des combattants du Mfdc à Mongone, Birkamanding I, Macouda, Néma Djinaré, Samboulandiang, à Kafountine dans les îles, à Youtou, à Block en Gambie, Athinthia en Guinée-Bissau, etc. Et vous avez été même sollicité en 2019 par les combattants du Mfdc pour aider ce mouvement à déposer les armes. N’avez-vous pas dès lors le sentiment, modestie mise à part, que les accords de paix de Mongone signés à grands renforts de publicité le 13 mai dernier ne sont que la concrétisation des efforts menés sur le terrain par l’équipe du GRPC de concert avec les autorités étatiques ?

  • Moi, comme le GRPC, vous le dites si bien, sommes à l’écoute des combattants du MFDC et surtout des populations. Vous rappeler quelques endroits que nous avons visités pour rencontrer les uns et les autres, échanger, dialoguer, s’informer. Notre conviction est que la Paix ne se construira pas en Casamance, seulement avec ceux qui portent des armes ; elle se fera surtout avec les populations. C’est effectivement à Athinthia en Guinée Bissau que le MFDC, front nord et front sud, a pour la première fois, déclaré le dépôt des armes après nous avoir confié à cette rencontre importante en 2019. Le GRPC en a pris acte.

C’est vrai le GRPC n’était pas à la cérémonie de Mongone, c’est tant mieux si ses efforts ont permis d’aboutir à cette rencontre de Mongone. Je rappelle que notre rôle est un rôle de facilitateur et non de négociateur. Il y a un comité « ad hoc », auprès du chef de l’Etat chargé des négociations, dirigé par l’Amiral Farba Sarr. Le GRPC  en tant que facilitateur devrait permettre le contact entre le MFDC et le comité « ad hoc » négociateur. C’est une bonne chose si notre action a permis cette rencontre. Nous ne sommes en concurrence avec personne et ne revendiquons rien, l’essentiel est qu’on arrive à un bon résultat. Le GRPC est le seul à être en contact dans tous les maquis, et avec les combattants et avec les populations. C’est la confiance établie entre le GRPC et ceux-là qui lui a permis d’avancer dans le processus de Paix sans tambour ni trompette, sans recherche de « gloriole » ce n’est pas un concours pour nous. Plus notre action est discrète et efficace, mieux cela vaut.

D’aucuns ont d’ailleurs déploré l’absence des membres du GRPC lors de la signature de ces accords de paix de Mongone entre l’Etat et une partie des combattants d’Atika. Qu’est ce qui pourrait justifier à vos yeux cette attitude fort déplorable des organisateurs à l’endroit du GRPC ?

  • Encore une fois, le GRPC ne revendique rien et respecte chaque intervenant au processus de Paix en Casamance. Nous ne cherchons ni grade ni galons, seule la Paix compte pour nous.

Après les accords de Paix de Mongone, quelle est aujourd’hui votre lecture du processus de paix ? Par rapport toujours à ce processus de paix, quels sont les prochains chantiers de Robert Sagna et de son équipe ?

  • Le GRPC n’a pas un programme lié aux accords de Mongone, il poursuit son action auprès du MFDC et des populations ; car encore une fois la Paix ne se fera pas seulement avec les porteurs d’armes mais aussi avec les populations. Les actions des uns et des autres se complètent doivent se compléter dirai-je.

Y-a-t-il selon vous des chantiers, voire des secteurs qui ont été laissés en rade par le Président Macky Sall en Casamance dans le cadre de la gestion et de la matérialisation des politiques publiques ?

  • Aucun chantier n’a été laissé en rade par le Président Macky Sall ; il faut plutôt dire qu’il y a des chantiers non encore achevés qui doivent être poursuivis.

Le président Macky Sall avait fait de la Casamance une priorité dans le cadre de la matérialisation des politiques publiques. Est-ce que son départ peut, selon vous, impacter négativement sur le processus de paix en cours ?

  • Oui, le départ de Macky Sall peut impacter positivement ou négativement sur la Paix en Casamance. Tout dépend des initiatives que prendra ou ne prendra pas son successeur.

Monsieur le Ministre d’Etat êtes-vous optimiste par rapport à une paix totale et définitive en Casamance qui va impliquer toutes les factions du Mfdc et toutes les parties prenantes au conflit ? Si oui, Quels mécanismes mettre en branle pour matérialiser un tel dessein ?

  • C’est vrai les divisions au sein du MFDC, ne facilitent pas une fin du conflit en Casamance. Il faut agir pour permettre au MFDC de se retrouver, à moins que toutes les factions tirent dans le même sens, celui de la Paix.

Quelle est votre lecture des dernières manifestations avec leurs lots de violence qui ont secoué le pays et qui n’ont pas épargné le secteur universitaire et éducatif notamment à l’UCAD à Dakar au niveau de la commune de Ziguinchor ?

  • Ce qui vient de se produire début Juin au Sénégal est non seulement à déplorer, mais à condamner. Notre pays n’a jamais connu une telle violence, un tel dérapage. Pourquoi s’attaquer à l’Ecole, l’Université, le savoir ? c’est la grande question. C’est une menace sérieuse contre le Sénégal. Celle-ci n’est peut-être pas seulement intérieure mais vient aussi peut-être de l’extérieure, VIGILANCE !!!

Quel est votre message à l’endroit des décideurs politiques mais également à l’endroit de la jeunesse ?

  • Un message de paix de vigilance de prise de conscience renforcée, un commun vouloir de vie commune renforcée, une prise en compte plus soutenue des problèmes de notre jeunesse désaxée et désemparée. Cette prise en compte interpelle non seulement les Pouvoirs Publics, mais d’abord et surtout les Parents.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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