Ziguinchor/Lancement de l’Unité de mesures de la charge virale : Les Armées et l’ANCS en croisade contre le VIH/Sida

Scoopsdeziguinchor.com : Le programme de lutte contre le Sida des forces armées en partenariat avec l’Alliance Nationale des Communautés de santé (ANCS) et fort de l’appui du Programme de Prévention du VIH  du Département Américain de la Défense (DHAPP) a procédé le jeudi dernier  au lancement officiel de l’Unité de mesure de la Charge virale au niveau du Laboratoire du Centre Médical Inter-Armées de Ziguinchor. Un appareil qui vient ainsi renforcer la capacité du Sénégal à répondre aux exigences de l’Onusida à savoir les objectifs du 3-95 et qui permet d’avoir également un indicateur sur le taux de réussite des patients traités

Au Sénégal si on se rapporte aux derniers chiffres ou de l’enquête d’Enda Santé de 2017 la région Médicale de Ziguinchor avait un taux de prévalence de 1,5% ; un des taux les plus élevés dans le pays et qui positionne la zone sud comme celle qui porte le plus la charge de morbidité au VIH. Et pour cause !  Ziguinchor constitue une zone particulièrement vulnérable aux vues de sa position stratégique car à cheval entre deux pays et à une zone frontalière avec d’autres régions du pays. D’où les efforts soutenus et qui doivent être maintenus au niveau de la région pour essayer d’assurer un bon suivi aux populations et circonscrire la maladie. Et c’est dans cette optique que le gouvernement américain à travers le Département Défense HIV/AIDS Prévention Program (DHAPP) appuie depuis plus de 20 ans le Sénégal à élaborer et à mettre en œuvre des programmes de prévention, de soins et de traitement du VIH Sida avec l’assistance technique et financière de l’ANCS. Et c’est en outre tout le sens de cette dotation au profit du Centre Médical Inter-Armées CMIA) de Ziguinchor d’une unité de mesure de la charge virale dont la cérémonie de lancement officielle présidée par le n Commandant la Zone militaire n°5 a eu lieu ce jeudi au CMIA.

Ainsi pour le Pharmacien Colonel Babacar Faye Coordonnateur du Programme Sida des forces armées cette unité de charge virale vient pour renforcer la capacité du Sénégal à répondre aux exigences de l’Onusida à savoir le 3-95 ; et permet aussi d’avoir, note-t-il, un indicateur sur le taux de réussite des patients traités. En outre pour le Pharmacien Colonel Faye cet appareil, en dehors des indicateurs VIH, peut également être orienté pour la détection de la Covid en cette période de pandémie ; et pour ce qui est également, ajoute-t-il, des hépatites, de la lutte contre le cancer du col de l’utérus pour la détection des virus, etc. « Voilà des programmes de santé où cette machine permettra d’appuyer les programmes nationaux au niveau de Ziguinchor et éviter que les gens quittent la région pour aller jusqu’à Dakar » s’est-il réjoui. Toute chose qui a de quoi réjouir également le Médecin commandant Youssouf Tine. Le Médecin chef de la Région Médicale de Ziguinchor qui estime que cette unité a une valeur symbolique car venant en appoint, dit-il, à tous les efforts consentis par l’Etat du Sénégal dans le relèvement du plateau technique de Ziguinchor. « Aujourd’hui nous sommes confrontés à certaines difficultés au niveau de la région de Ziguinchor surtout celles liées au suivi des patients. C’est pourquoi l’Etat a consenti beaucoup d’efforts pour la mise en place d’unités aussi bien au niveau de l’Hôpital de la paix, au niveau de l’Hôpital Silence à travers le projet Care et de petites unités au niveau des districts sanitaires de la région.  Seulement nous sommes souvent confrontés à des pannes d’appareils ou d’utilisation de ces appareils. Et cette unité mise en place au niveau du CMIA va à coup sur nous garantir une continuité des services au cas où les autres plateformes de services ne seraient pas opérationnelles » rassure-t-il. Et par rapport au différents indicateurs et à l’atteinte des 3-95, le Médecin colonel Tine a rappelé qu’au niveau de Ziguinchor, pour la première phase, il s’est agi de dépister 95% des personnes vivant avec le VIH. « Et par rapport à cet indicateur nous sommes au niveau de la région de Ziguinchor à 78% à la fin de l’année c’est dire qu’il y a un gap à combler à ce niveau » révèle-t-il. Et par rapport à la mise sous traitement 96% des personnes dépistées, selon lui, sont actuellement sous traitement. « Et pour ce qui est des personnes suivies et mises sous traitement, 95% doivent avoir une charge virale qui est indétectable.  Et à ce niveau la région de Ziguinchor est à 49% ; ce qui fait que là également on a un gap à combler par rapport à cet indicateur » espère le Médecin colonel Tine. Et pour qui, pouvoir parler de charge virale indétectable nécessite une disponibilité des appareils mais également le fait de pouvoir faire des tests. « C’est dire toute l’importance de la mise en place de cette unité au niveau du CMIA » estime-t-il.

Massogui Thiandoum directeur technique de l‘Alliance Nationale des Communautés pour la santé (ANCS) est quant à lui d’avis que cette unité permet non seulement de renforcer traitement des personnes vivant avec le VIH mais également d’améliorer et d’avoir une offre de services de proximité. « Car avant la mise en place de cette machine, Ziguinchor et toute la zone sud étaient confrontées à des difficultés liées à l’accès à la mesure de la charge virale. C’est dire que des personnes vivant avec le VIH pouvaient attendre 6 mois à 1 an avant d’avoir les résultats des analyses biologiques de mesure de charge virale. Et aujourd’hui avec la présence de cette unité, ce délai est réduit en deux semaines ; et les personnes vivant le VIH n’ont plus à se déplacer jusqu’à Dakar pour effectuer la mesure de la charge virale » justifie-t-il. Avant d’ajouter que l’installation de cette unité constitue une montée en puissance de la région.

Au nom de la mission américaine au Sénégal, le Colonel Pape Moussé Ndiaye  représentant  le Bureau de Coopération et de Sécurité et celui du Programme de prévention du VIH  du Département américain de la Défense (DHAPP) a soutenu que cette cérémonie de lancement de l’unité de mesure de la charge virale est l’aboutissement, dit-il, d’un processus entamé il y a plus de deux ans. « Le démarrage des activités de réalisation de la charge virale pour les personnes sous traitement antirétroviral vient combler un gap identifié depuis plusieurs années et va améliorer de manière significative l’accès au service de prise en charge du VIH pour les bénéficiaires » martèle-t-il.

Quant au Colonel Thierno Ndour commandant de la zone militaire n°5 il est d’abord revenu sur l’importance de ce laboratoire dans le dispositif du CMIA qui polarise les régions de Kolda, Sédhiou et Ziguinchor qi ont la particularité d’accueillir un grand nombre du personnel de défense et de sécurité dans le cadre de leur mission mais également leurs familles. « Un tel outil qui permettra accroître les capacités de ce centre et permettre aux personnels médicaux de pouvoir prendre ici les patients sans les référer à Dakar constitue un motif de satisfaction pour nous et pour le CEMGA qui nous a confié cette mission ». Dixit le colonel Ndour qui a lancé au passage un appel pour une meilleure  vulgarisation de cet outil et afin de faire savoir aux populations qu’au niveau du CMIA un appareil d’une pareille capacité a été installé pour améliorer la prise en charge dans le cadre de la lutte contre le Sida.

ENCADRE

Le Sida ne passera pas par les Armées

Pour le taux de prévalence, le niveau national est à 0,5% et les dernières études officielles de 2015 ont montré un taux de 0,3 dans les armées. Mais pour le pharmacien colonel Babacar Faye, chaque année les armées font des évaluations en interne avec des séries de dépistage. Et à leur niveau la tendance à la baisse se maintient, dit-il. « En 2019-2020 le taux était entre 0,15 et 0,18%. C’est dire que contrairement aux préjugés de départ la tendance dans les armées est au-dessous de la moyenne nationale » révèle le pharmacien colonel Faye.

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