Casamance : Une journée avec l’armée en terrains conquis

Scoopsdeziguinchor.com : En Casamance, l’armée dit avoir désormais tracé des lignes rouges sur lesquelles il n’est permis à un quelconque groupe armé de les franchir. Un avertissement brandi par le Colonel Souleymane Kandé Commandant de la zone militaire n° 5. Le patron de l’armée sénégalaise au niveau de la partie sud du pays pour qui toutes exactions sur des populations seraient dorénavant interprétées par ses hommes comme une déclaration de guerre

Ainsi pour le Comzone Souleymane Kandé il n’est donc plus question qu’on touche à un cheveu des populations en Casamance. Et le patron de la zone militaire n° 5 est d’avis que l’armée qui est intransigeante sur ce point entend, du coup, assumer pleinement sa mission de sécurisation dans le sud du pays. Une position clairement affichée par le Colonel Souleymane Kandé ce mardi face à la presse ; et ce, dans le cadre d’une visite de terrain au niveau des communes d’Adéane et de Boutoupa Camaracounda ; une mission dont l’objectif, a-t-il dit, est non seulement de communiquer sur les opérations en cours dans le Secteur 53 mais également de présenter cette zone restée longtemps inaccessible aux populations du fait de l’insécurité et qui est aujourd’hui totalement libérée. Et ce à la suite, estime le Colonel Souleymane Kandé, de la conduite par l’armée de plusieurs actions synectiques pour neutraliser les bandes armées qui s’étaient incrustées depuis très longtemps dans les forêts de Bilass et de Bissine.

Et à la base de cette opération d’envergure enclenchée le 25 janvier 2021, une série d’exactions menées, dit-il, par les bandes armées sur les populations civiles et dont les événements les plus récents et les plus marquants constituent, poursuit-il, la tuerie de Niadiou avec les deux jeunes disparus en novembre et dont on a retrouvé les restes deux mois plus tard ainsi que des exactions sur des populations au niveau de la forêt de Toubacouta. « Deux événements majeurs qui ont suffi pour déclencher cette opération de sécurisation Et ce, avec trois objectifs  » soutient le Colonel Souleymane Kandé. Pour le Comzone, il s’est agi d’abord pour l’armée de créer les conditions sécuritaires propices pour favoriser le retour des populations déplacées au bercail après 30 ans d’exil ; de s’établir ensuite au niveau de la frontière avec la création de postes militaires au niveau de la frontière avec la Guinée-Bissau ; pays avec qui les forces de défense et de sécurité sénégalaises ont noué une coopération militaire. « Nos armées  partagent pas mal d’informations comme ce fut le cas lors de ces dernières opérations où il y a eu un grand concours joué entre les forces de défense et de sécurité des deux pays. Et aujourd’hui nous nous établissons sur la frontière pour créer des postes militaires afin de contrôler tous les points de passage non officiels et par lesquels transitent tous les trafics illicites et pas mal de produits frauduleux ». Dixit le colonel Kandé pour qui le troisième et dernier objectif de cette opération était de détruire tous les champs de culture de chanvre indien et les exploitations industrielles de chanvre indien qui alimentaient l’économie criminelle des bandes armées qui étaient installées dans la forêt de Bilass. « Je peux considérer aujourd’hui que tous ces trois objectifs sont totalement atteints » clame-t-il. Occasion également pour le patron de l’armée dans la zone sud de profiter de cette audience pour lancer un vibrant appel à toutes les populations déplacées sur le territoire national ou réfugiées en Guinée-Bissau ou en Gambie de rentrer rapidement au niveau de leurs terroirs ; parce qu’elles auront, justifie-t-il, tout le soutien de l’Etat pour les aider à bien se réinstaller.

Sur le bilan de cette opération, le Colonel Kandé invite tout le monde à l’appréhender en termes de gain par rapport à la sécurisation des populations dans le cadre de leur retour au niveau de leurs terroirs abandonnés depuis plusieurs décennies. « Toute chose qui est fondamentale et qui ne saurait se calculer » argue-t-il. Quid de la poursuite des opérations de sécurisation dans d’autres zones de la Casamance ? Le Comzone sur cette question s’est voulu formel. « La guerre c’est la continuation de la politique par d’autres moyens. Tant que l’autorité politique discute et négocie avec des groupes armés  prêts à déposer les armes, rien n’explique qu’on puisse relancer d’autres actions de sécurisation. Néanmoins il y a des lignes rouges qui sont désormais tracées et sur lesquelles il n’est permis à un quelconque groupe armé de les franchir » a-t-il averti. Avant de présenter les camps rebelles déjà détruites par l’armée ; à savoir  les bases de Boussoloum à l’ouest, la base de Badion qui était le centre de gravité du Mfdc et le camp de Sikoune qui représente, note-t-il, le symbole du Mfdc.

Groupement tactique Charlie et Bravo en première ligne

Pour rappel cette opération de sécurisation a été menée du coté de l’armée par le Groupement tactique interarmes Charlie composé essentiellement des éléments du 3ème Bataillon d’Infanterie  modulé avec un détachement Air et un élément d’Observation Artillerie et une section Génie. Un groupement Charlie qui a pris la grande base rebelle de Badion ; et ce suite à cette opération lancée le 25 janvier dernier avec ce bataillon qui était au 1er échelon pour la conquête de cette base rebelle conquise le 1er février dernier malgré une résistance d’individus armés qui ont fini par céder le terrain. Pour le Lieutenant colonel Mathieu Diogaye Séne commandant du groupement Charlie, l’armée a ainsi pu  récupérer de l’armement, des munitions, du matériel d’intendance, de la logistique et également des médicaments dans ce qui servait pour eux de poste de santé. « Pour l’armement des canons B10 ont été saisis ainsi que des roquettes RPG, des munitions de 7,62 sur bande et en vrac, des munitions de 12,7, des armes lance-grenade M203. Des Famas, fusils d’assaut ; et ce de trois motos Jakarta, une quinzaine de vélos plus cinq calèches utilisées pour le déplacement de certains matériels et de la volaille et du bétail éparpillés  dans la nature » a indiqué le Lieutenant colonel Mathieu Diogaye Séne. Ce dernier pour qui cette zone constitue en outre le domaine des champs de chanvre indien avec une dizaine de champs à perte de vue en plein sud-est. C’est également le cas au niveau de la base de Sikoune récupérée par l’armée et qui est également, de l’avis  du Lieutenant colonel Clément Hubert Boucal Commandant le Bataillon de commandos et commandant du groupement tactique interarmes Bravo, une zone jadis propice aux trafics de chanvre indien, de bois, d’exploitation des produits forestiers qui procurent une bonne manne financière à des individus au détriment, dit-il, des ayant-droits que sont les populations locales. « Notre mission s’inscrit dans les missions régaliennes de l’Etat qui consistent à assurer la sécurité des populations et de leurs biens, à sanctuariser le territoire national et à y interdire toute forme de trafic et d’activités illicites. Toute chose qui justifie notre engagement dans ce secteur et qui nous a permis de mettre pied sur Sikoune le 5 février dernier » a souligné le lieutenant colonel Boucal. Le patron du groupement Bravo pour qui Sikoune constitue un PC historique, une zone où se développent beaucoup d’activités illicites avec des champs de chanvre indien à perte de vue.

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