Kataba I/Programme Karoghen III : Pour une révolution environnementale au profit des communautés

Scoopsdeziguinchor.com : En Casamance, un diagnostic de l’état actuel de la forêt du département de Bignona (avec plus de 100 000 ha et 85,98% du patrimoine forestier) et de son mode de gestion laisse apparaitre une forêt très appauvrie où le bois destinés aux artisans est rare, où la diversité des espèces régresse, où l’ampleur de la récolte de bois de chauffage est inquiétante, où les produits forestiers non ligneux sont à préserver. Et cela, malgré une protection réglementaire extrêmement stricte dans bien des contrées. Seul éclairci à cette montée des périls, la commune de Kataba I ; une contrée territoriale où les ressources forestières sont importantes pour la survie de la communauté, mais où celles-ci ont bénéficié de l’investissement du Programme Karoghen II d’un cout de plus 1,563 milliards pour une bonne gestion rationnelle des ressources naturelles ; et ce, en vue d’en tirer le meilleur profit possible. Une visite guidée sur le terrain a permis de jauger le niveau d’implication des populations locales dans le cadre de la protection et de la préservation de leurs forêts et pour gagner en outre la bataille de la pauvreté ; et ce, au moment où dans le nord Sindian on constate encore et toujours, sur fonds de bruits de bottes et de violences, l’exploitation illégale du bois destinée à la Gambie voisine. Le film !

Bignona ! Un département qui englobe 20 massifs forestiers sur 30 au niveau de la région de Ziguinchor. Des zones territoires où la dépendance des populations vis-à-vis des produits forestiers est manifeste et où on note plus que jamais une surexploitation frauduleuse des ressources naturelles ; et ce, dans un contexte d’insécurité due au conflit casamançais, aggravée par l’appel d’air de la Gambie, un pays où l’exploitation forestière est interdite. Conséquences : Dans des contrées, tel le nord Sindian, c’est toute une surface jadis habitée par des arbres multimillénaires qui est entrain de disparaitre à petit feu. Tout le contraire au niveau de la zone territoire du Naran ; notamment au niveau de la Commune de Kataba I. Une collectivité territoriale qui abrite une forêt classée et 12 forêts communautaires dont celle de Koudioubé. Car si avec l’action anthropique et les changements climatiques les menaces sont également réelles ici sur l’environnement, on observe toutefois chez ces populations du Naran un souci croissant de gestion et de développement durable des ressources forestières et une préoccupation accrue de sauvegarder et de protéger la forêt. Une visitée guidée la semaine dernière au niveau de cette commune de Kataba I où le Programme Karoghen III a mis en branle un paquet d’activités a permis de constater de visu au niveau de la forêt classée de Koudioubé qui polarise les villages de Koulobory, Koudioubé, Macouda et Madina Daffé, le niveau d’implication des communautés et des associations locales dans le cadre de la préservation et de la protection de leur environnement. Boubacar Diallo est le président de la forêt communautaire de Koudioubé.

Pour Mamadou Famara Diop Badji animateur du programme Karoghen au niveau de la zone de Kataba I, l’entretien de cette forêt passe chaque année par le reboisement mais surtout par la sensibilisation des populations pour qu’elles puissent, dit-il, entretenir leur forêt à travers des pare-feux et autres.

Et pour détourner les populations de Kataba I de la forêt notamment en matière de bois de chauffe ou de charbon de bois, les populations ont été formées en technique de fabrication de charbon de bois à base de paille de feuilles mortes et d’argile. L’intérêt d’une telle innovation c’est qu’il permet aux populations de mettre fin à la pression exercée sur la forêt pour la quête de bois d’énergie à usage domestique. Boubacar Diallo explique!

Et toujours dans la commune de Kataba I, des activités génératrices de revenus sont également développées à côté de celles relatives à la protection des forêts. Des alternatives socioéconomiques durables proposées par le Programme Karoghen III et ses partenaires pour annihiler la pression exercée sur la forêt, pour lutter  contre la pauvreté, fixer les populations situées sur cette bande frontalière avec la Gambie, etc.  Un défi qui est entrain d’être relevée à Macouda, Koulobory et Kataba I. Ainsi à Macouda, c’est une activité d’élevage de poulet de chair, un élevage à court terme qui est déroulée par les femmes du Groupement de Promotion Féminine depuis seulement quelques mois grâce a un financement  du Programme Karoghen III. Tening Sambou la présidente des femmes de Macouda, Aissatou Diatta et Charles Sambou agent technique et formateur en élevage au niveau du Programme Karoghen justifient la pertinence de ce projet pour la communauté locale.

A Koulobory toujours dans le Naran, c’est le Groupement de Promotion Féminine du village qui bénéficie d’un bloc maraicher réalisé par le Programme Karoghen III et qui a une grande importance pour toute la communauté. Aminata Diatta présidente des femmes de Koulobory revient ici sur l’importance de leur bloc maraîcher.

Et à Kataba I chef-lieu de la commune éponyme, les femmes trouvées sur place s’adonnent à la réalisation d’activités de transformation des produits agro-forestiers ; et ce, à travers une cellule de formation qui leur permet de générer des plus-values non seulement à partir des produits maraîchers mais également à partir des produits forestiers.

Pour rappel le Programme Karoghen, qui témoigne des bonnes relations entre l’Espagne et le Sénégal, a été lancé en 2005. Avec ce programme Karoghen III les femmes sont également capacitées dans le cadre de la vulgarisation de leurs droits notamment sur les questions liées au genre.

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